Billet de la philosophe Magali Bessone sur le site AOC

C’est devenu un poncif du débat public depuis près de deux ans, renforcé par les mobilisations récentes contre le racisme : il y aurait une dérive de l’antiracisme. L’université, et plus précisément les chercheurs en études postcoloniales ou décoloniales, sont accusés d’entretenir le séparatisme, et comme l’a déclaré récemment le président Emmanuel Macron de chercher à « casser la République en deux ». Pourtant, qui peut nier que l’épaisseur de l’histoire esclavagiste et coloniale pèse sur le mythe du contrat social républicain ?

Depuis la fin de l’automne 2018, par poussées de fièvre belliqueuse, surgissent périodiquement les tribunes, appels, articles qui mettent en garde contre un nouvel ennemi de la République : les « décoloniaux », qui « mènent la guerre des facs », écrit par exemple Étienne Girard dans Marianne, le 12 avril 2019. Des dizaines d’autres intellectuels, journalistes, personnalités publiques, ont pris la plume pour dénoncer « les obsédés de la race à la Sorbonne » (Charlie Hebdo 23 janvier 2019), les « énervés de la race » qui « martèlent leurs fameuses théories sur la race » (Le Canard enchaîné, 24 juin 2020).

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